Maintenant que vous savez comment sont fabriquées les croquettes et pâtées pour chiens et chats, intéressons-nous à la partie visible (et accessible) de l’iceberg : les ingrédients et les composants analytiques. Sur l’aspect accessible, le mot est peut-être un poil fort. Décrypter un paquet de croquettes ou un sachet de pâtée est plus complexe qu’il n’y parait. Nous allons voir ensemble quelques astuces pour clarifier ces étiquettes.
Les ingrédients et composants analytiques sont-ils fiables à 100% ? Peut-on juger un aliment industriel uniquement à partir de ces deux données ? Découvrons la réponse sans plus attendre. ⬇️
Peut-on se fier aux ingrédients et composants analytiques ?
Sur les paquets de croquettes ou les emballages de pâtées, il reste encore un point sombre à aborder : les ingrédients et les composants analytiques. Quels sont les éléments qui doivent obligatoirement figurer ? Et ceux qui sont optionnels ?
Une première chose à savoir sur la fabrication des aliments destinés aux animaux familiers, c’est qu’ils sont majoritairement produits en France ou en Europe. Ils suivent donc les mêmes critères d’exigence en termes de fabrication. Plus de 5 000 références sont donc produites suivant les directives européennes.
Dans les autres pays, les règlements en termes de fabrication et d’étiquetage sont différents. C’est notamment le cas des aliments pour animaux de compagnie produits aux États-Unis ou au Canada. Ici, nous nous focalisons sur les 5 000+ références d’aliments (croquettes et pâtées) et normes européennes.
Règlement européen en matière d’étiquetage : zoom sur les ingrédients et composants analytiques
La règlementation européenne reste légère. Toutefois, elle précise quelques points fondamentaux. Sur les emballages d’aliments pour animaux complets ou complémentaires doivent obligatoirement figurer les composants analytiques suivants :
- protéines brutes,
- matières grasses brutes,
- cendres brutes,
- cellulose brute / fibres brutes,
- calcium,
- phosphore,
- sodium.
Extrait de l’annexe VII du règlement européen 767/2009 :
Certains constituants analytiques changent en fonction des différentes étiquettes d’aliments pour animaux. En effet, des synonymes sont autorisés par le règlement européen sans que cela n’impacte la composition de l’aliment. Vous les avez d’ailleurs peut-être déjà repérés :
- Protéines = protéines brutes
- Matières grasses brutes = teneur en matières grasses
- Cendres brutes = matières minérales = matière inorganique
« 5. Sans que cela ait une influence sur les méthodes analytiques, s’agissant des aliments pour animaux familiers, l’expression « protéine brute » peut être remplacée par l’expression « protéine », l’expression « matières grasses brutes » par l’expression « teneur en matières grasses » et l’expression « cendres brutes » par l’expression « matières minérales » ou « matière inorganique ». »
Extrait de l’annexe II du règlement européen 767/2009
Faut-il des connaissances en nutrition animale pour lancer sa marque de croquettes ?
Concernant la fabrication de croquettes, il existe une différence majeure entre les marques qui conçoivent et font tester leurs propres recettes. Et celles qui commandent des recettes de croquettes sur catalogue. En effet, certaines usines fabriquent en marque blanche. Elles disposent alors d’un catalogue de recettes de croquettes ou pâtées pour chiens et chats. On appelle ces recettes les formulations blanches ou formulations types lorsqu’elles sont propres à une usine en particulier.
Vendre sa propre marque de croquettes ne nécessite malheureusement pas d’avoir de connaissances en nutrition animale si vous choisissez une recette sur le catalogue d’une usine. Le procédé est simple. On sélectionne une ou plusieurs recettes à partir d’un cahier des charges. Bien souvent, cela se joue en fonction du coût de revient de l’aliment et de la marge possible.
Il est donc possible de retrouver le même aliment mais à des prix différents. Sauf que ces marques ne se donnent généralement pas la peine de faire régulièrement analyser leur(s) aliment(s). Elles ne s’y intéressent que très peu finalement. Leur objectif principal s’oriente vers le profit. La réglementation tolère le fait de ne pas tester des recettes. Ces marques peuvent alors se contenter d’afficher les pourcentages fournis par les logiciels des usines de production sans en comprendre leur sens. Ce qui peut être préjudiciable pour la santé de certains animaux.
Comment fait-on pour reconnaître les marques honnêtes dans l’univers du Petfood ?
On ne va pas vous mentir, ce n’est pas facile. Mais quelques éléments peuvent vous aider à faire les meilleurs choix. Dans un premier temps, dites-vous que plus on a de détails sur un paquet, mieux c’est (calcium, phosphore, omégas). Si en plus de cela la marque parle d’analyses, de mesure de la digestibilité de l’aliment, c’est important. Cela prouve qu’elle s’intéresse un minimum à ses produits. Enfin, en espérant que ces analyses soient réellement effectuées …
Certaines marques d’aliments pour chiens et chats les publient sur leur site web. Le client a donc l’opportunité de connaître les résultats des dernières analyses effectuées. Néanmoins, ces résultats ne se révèlent pas toujours simples à décrypter pour des parents d’animaux. Il y a encore du chemin à parcourir en termes de transparence !
Les 4 faux arguments commerciaux sur les ingrédients des aliments pour chats et chiens
Pour justifier la qualité supérieure de leurs produits certaines marques vont jusqu’à transformer des banalités en argument commercial. Et même (trop) souvent à embellir les caractéristiques de leur produit, quitte à mentir.
C’est pourquoi nous sommes si souvent perdus à la lecture des ingrédients et arguments qui y sont associés. En effet, on retrouve généralement les allégations suivantes : “viande”, “naturel”, “propre à la consommation humaine” ou encore “sans OGM”.
Les termes « viande » sur les paquets de croquettes et pâtées pour chiens et chats
Commençons par la “viande” : aucune croquette n’est élaborée à partir de viande au véritable sens du terme. Cela reviendrait à utiliser 100% de muscles squelettiques striés. Ce qui n’arrive jamais en petfood car cela nécessiterait des élevages animaliers dédiés à l’alimentation animale. De plus, ce serait un désastre environnemental. C’est pourquoi, seuls des produits très transformés sont utilisés en petfood ou ce que l’on appelle des coproduits. Ils sont de qualité variable. Dès lors, on peut trouver des coproduits d’excellente qualité, tout comme d’autres d’entrée de gamme. Le choix est laissé au petfooder qui avise en fonction de ses coûts de production.
Les ingrédients d’origine naturelle dans les aliments pour chats et chiens : ça veut dire quoi ?
Les protéines animales que l’on retrouve dans les croquettes ou pâtées sont bien souvent issues de farine(s) de viande ou de poisson. C’est pourquoi on parle de produits très transformés. Ces farines sont même parfois mélangées entre elles pour une raison de coût. Effectivement, leur qualité varie en fonction de l’espèce dont elle provient. De même, la plupart des légumes ou des fruits inclus dans les recettes d’aliment pour animaux sont introduits sous forme de farine également. La mention “naturel” est donc plutôt inadéquate sur les paquets d’aliments pour animaux.
Par exemple, s’il s’agit d’une farine de poulet, ou d’autres viandes très consommées par les humains, on peut avoir une chance d’obtenir des farines de qualité. Car ce type de viande est disponible toute l’année. Ce qui n’est pas le cas des viandes dites “exotiques” telles que :
- l’agneau,
- le renne
- ou encore le sanglier.
Il existe peu de producteurs et donc de choix en termes de qualité. Elles sont réputées pour être de qualité médiocre et trop riches en minéraux.
Les coproduits sont le résultat obtenu au cours du processus de fabrication / transformation d’un produit. C’est-à-dire que dans la sélection des morceaux de viande ou de poisson à destination de la consommation humaine, on sélectionne certaines parties pour l’industrie du petfood.
Les ingrédients de la nourriture de mon animal sont-ils vraiment « propres à la consommation humaine » ?
Ce qui nous amène directement à l’allégation “propre à la consommation humaine”. Si ces morceaux ne sont pas introduits dans le circuit de la consommation humaine, ce n’est pas parce qu’ils sont impropres à celle-ci. Mais plutôt pour des raisons de surplus de production ou pour des raisons culturelles. En effet, les humains ne mangent plus d’abats par exemple (cœur, foie, …). Dès lors, au lieu de les gâcher, on utilise ces morceaux pour concevoir les aliments à destination des chiens et des chats. Certaines marques affichent sur leurs emballages l’argument “à base d’ingrédients propres à la consommation humaine”. Or tous les aliments complets ou complémentaires pour animaux le sont. C’est une obligation pour commercialiser des croquettes ou pâtées.
L’argument commercial « sans OGM » sur les paquets de croquettes pour chats et chiens
On voit souvent sur les paquets de croquettes de nos animaux cette fameuse mention « garantie sans OGM ». Cependant, il faut savoir qu’aucune marque n’utilise des OGM. Car celles qui utilisent des OGM ont l’obligation légale de l’afficher. Ce n’est donc pas un argument de différenciation de voir sur de nombreux emballages cette mention « sans OGM ».
3 astuces pour choisir la meilleure alimentation pour mon chien ou mon chat
Tous les moyens sont bons pour vous induire en erreur concernant l’alimentation de vos animaux. Mais ça, c’était avant que vous ne lisiez cet article. Voici 3 astuces imparables pour faire de meilleurs choix alimentaires pour votre chien ou votre chat.
Astuce n°1 : regarder l’ordre des ingrédients sur l’étiquette des croquettes et pâtées
Cette astuce-là, vous l’avez peut-être déjà entendue au détour d’une conversation : les ingrédients inscrits sur un paquet d’alimentation animale le sont par ordre d’importance. En effet, on classe les ingrédients en fonction du pourcentage plus ou moins élevé qu’ils représentent dans l’alimentation de votre animal de compagnie.
Voici par exemple la liste des ingrédients issue d’un paquet de croquettes pour chien :
Les deux premières lignes de la catégorie « ingrédients » indiquent les plus grandes proportions dans l’aliment. C’est-à-dire les ingrédients majeurs de la recette. Ici, nous avons des protéines animales, des protéines végétales et des matières grasses.
Dans ces croquettes, avant même de regarder les constituants analytiques, on déduit donc que les protéines ou coproduits d’origine animale et végétale sont les ingrédients principaux. Ce qui nous intéresse désormais, c’est d’avoir une idée plus précise de la quantité de protéines animales dans cet aliment.
Astuce n°2 : repérer la source majeure de protéines dans un aliment en 1 minute
Diviser pour mieux régner. C’est un peu comme cela que l’on pourrait voir les choses en matière de croquettes. Sauf que cette fois, pas question de se faire berner. Si l’on poursuit avec notre exemple de liste des ingrédients issue du même paquet de croquettes pour chien :
On remarque que le maïs et le blé dans cet aliment sont divisés en quatre termes. Les sources de protéines animales également (protéines de volaille [déshydratées] et protéines de porc [déshydratées]). Cela peut porter à confusion.
Alors à votre avis, quelle source de protéine est la plus présente dans ce produit ?
Les protéines végétales ! Oui, il s’agit bien des protéines végétales, regardons cela ensemble. Nous allons principalement nous intéresser à la première ligne. Pour rappel, nous voyons ceci :
protéines de volaille (déshydratées), farine de maïs, maïs, farine de blé, graisses animales,
= protéine animale ; protéines végétales ; matières grasses
On a donc une source de protéine animale contre 3 sources de protéines végétales. Même si l’une des sources de protéines animales arrive en premier, cela ne signifie pas que l’aliment est composé à plus de 50 % de celle-ci. Mais simplement que c’est l’ingrédient qui pèse le plus lourd dans la balance de la recette des croquettes. On ne connaît pas la répartition exacte derrière le taux de protéines brutes inscrit sur le paquet. Il faut considérer les deux premières lignes et en particulier la première dans son ensemble pour pouvoir émettre ce type de déduction.
➡️ Et au fait, ça veut dire quoi “protéines de volaille [déshydratées] » ?
Le terme déshydraté correspond à l’utilisation de farine(s) animale(s). L’avantage de cet ingrédient est principalement que son apport protéique est plus élevé pour une plus petite quantité utilisée. Avec moins de farine on obtient un taux de protéines animales plus important après cuisson que si l’on mettait l’équivalent en viande fraîche par exemple. C’est alors généralement une solution plus “rentable” pour les fabricants. Et à la fois plus complète en termes d’apports en protéines animales en quantité sans forcément négliger la qualité. C’est en quelque sorte une pratique gagnant-gagnant.
Pour autant, son utilisation reste discutable car il existe différents degrés de qualité en matière de farines animales. Elles sont obtenues à partir de restes d’animaux (sains et propres à la consommation humaine). Cependant, de nombreux éléments entrent en compte dans le processus de fabrication de ces fameuses farines. Tout réside finalement dans la traçabilité et la transparence des producteurs.
Astuce n°3 : comprendre les pourcentages des ingrédients de l’alimentation des chats et des chiens
La liste des ingrédients des croquettes ou pâtées est réalisée en amont de la cuisson.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Les pourcentages de protéines animales (viandes ou poissons) indiqués ne sont pas ceux réellement contenus dans les croquettes. En effet, ce sont des pourcentages qui correspondent à la période d’avant-cuisson. Notamment lorsqu’ils s’accompagnent de la mention “frais”. Il peut très bien y avoir du poulet en premier ingrédient, une fois transformé, l’apport en protéines de cet ingrédient peut être inférieur à 10 %.
En effet, une viande “fraîche” contient ¾ d’eau. Une fois cuite, la croquette passe par de nombreuses étapes avant sa mise en sachet. Il ne reste donc plus grand chose. Par exemple, pour 25% de viande fraîche, on obtient 4 à 5% de protéines animales. Sachez également que la mention “déshydratées” n’indique pas pour autant que la valeur sera identique une fois la transformation en croquettes opérée.
Autre chose à savoir concernant les pourcentages d’ingrédients avant-cuisson : même si la viande est placée en premier ingrédient, cela ne veut pas dire qu’elle représente une part majeure de l’aliment une fois transformée. Vous l’aurez compris, après l’étape de cuisson d’une viande fraîche, il ne reste plus beaucoup de protéines animales dans les croquettes ou pâtées.
En revanche, du côté des céréales ou légumineuses si vous achetez du “sans céréales”, il n’en est pas de même. Il en reste une plus grande partie dans l’aliment. Si bien que même si cette typologie d’ingrédients est située en première, deuxième et parfois en 3ème ligne du paquet, elle représentera la composition majeure des croquettes ou de la pâtée.
extrait d’une étiquette d’un paquet de croquettes pour chats :
Les pourcentages que vous voyez par exemple sur l’étiquette ci-dessus sont ceux du saumon et de la farine de saumon obtenus avant la cuisson et la transformation de la croquette. D’emblée, nous pourrions juger la qualité de l’aliment à partir de ces mentions. La notion de frais a une consonance positive et saine. Pour peu que sur le paquet de croquettes il y ait un beau filet de saumon représenté, le tour est joué.
Pourtant, la viande contient 75% d’eau, ce qui laisse uniquement 25% de viande avant la cuisson. Et 6 à 7% de protéines animales une fois la transformation réalisée. Ici, les 31% de saumon frais correspondent à environ 6 à 8 % de protéines animales à l’arrivée dans la gamelle de votre chat. Pas si top que ça finalement…
extrait d’une étiquette d’une pâtée pour chats :
Même chose pour les pâtées. Comme on peut le voir sur l’étiquette ci-dessus, les pourcentages sont bel et bien ceux d’avant-cuisson. Attention à ne pas les confondre avec les pourcentages d’après-cuisson. Ils correspondent à ceux qui sont rattachés aux composants analytiques. Pour 57% d’ingrédients d’origine animale, il ne restera finalement qu’environ 8%. Notamment, sur cette étiquette, il est impossible de savoir quelle est la part de « viande » et celle de « sous-produits d’origine animale ».
Les ingrédients de l’alimentation des chats et des chiens sont-ils gages de qualité ?
Il est difficile de juger de la qualité d’un aliment uniquement à partir d’une liste d’ingrédients ou même des taux des composants analytiques. À court terme, on va tenir compte de l’appétence et de la digestibilité de l’aliment sélectionné. À moyen et long terme, on peut constater les effets sur le pelage ou la santé du chien ou du chat. Finalement, la qualité d’un aliment est déterminée par un ensemble de facteurs :
- la qualité des ingrédients utilisés dans la recette
- la formulation d’une recette équilibrée qui tient compte des besoins des animaux et des contraintes techniques de fabrication
- la cuisson et le stockage de l’aliment.
Pour se faire une idée de la qualité d’un paquet de croquettes pour chat, vous pouvez regarder les ingrédients et les composants analytiques inscrits sur l’étiquette. L’ordre d’apparition des ingrédients est important (ordre décroissant). La présence de plusieurs sources de protéines animales en première ligne également. Veillez aussi à bien différencier les pourcentages des ingrédients de ceux des constituants analytiques.
Les ingrédients représentent la matière première avec laquelle les croquettes sont fabriquées. Elles subissent de multiples transformations avant d’arriver au stade de croquettes telles que nous les connaissons. Les constituants analytiques correspondent aux nutriments présents dans la nourriture après ces transformations.